Cancer du col de l'utérus : comment la vaccination contre le HPV et les frottis préviennent la maladie

Cancer du col de l'utérus : comment la vaccination contre le HPV et les frottis préviennent la maladie

Le cancer du col de l’utérus n’est plus une sentence

Il y a vingt ans, un diagnostic de cancer du col de l’utérus signifiait souvent une chirurgie lourde, une chimiothérapie, et parfois la perte de la fertilité. Aujourd’hui, ce cancer est l’un des rares à pouvoir être prévenu presque entièrement. Grâce à deux outils simples - la vaccination contre le HPV et les frottis réguliers - il est possible d’arrêter la maladie avant qu’elle ne commence. Ce n’est pas une promesse. C’est une réalité déjà prouvée dans plusieurs pays.

En Écosse, une génération de jeunes femmes n’a jamais eu un seul cas de cancer invasif du col de l’utérus. Pourquoi ? Parce qu’elles ont été vaccinées entre 12 et 13 ans, puis suivies par des tests de dépistage. En Australie, les lésions précancéreuses ont baissé de 85 % chez les jeunes femmes vaccinées. Aux États-Unis, les décès liés à ce cancer ont chuté de 62 % en dix ans. Ce n’est pas un hasard. C’est le résultat d’une stratégie claire : vacciner tôt et dépister régulièrement.

Le HPV, le vrai coupable

Presque tous les cas de cancer du col de l’utérus (plus de 99 %) sont causés par le virus du papillome humain, ou HPV. Ce n’est pas un virus rare. Il se transmet par contact cutané ou sexuel. La plupart des personnes sexuellement actives le contractent au moins une fois dans leur vie. La bonne nouvelle ? Le système immunitaire élimine la plupart des infections HPV sans aucun traitement.

Mais certaines souches - surtout les types 16 et 18 - persistent et peuvent transformer les cellules du col de l’utérus en cellules anormales, puis en cancer. Cela prend souvent 10 à 15 ans. Ce délai, c’est notre chance. C’est le temps qu’il faut pour détecter et traiter ces changements avant qu’ils ne deviennent graves.

Les vaccins actuels protègent contre jusqu’à neuf souches de HPV, dont les deux les plus dangereuses. Le vaccin Gardasil-9, utilisé depuis 2016 aux États-Unis et dans de nombreux pays européens, couvre 90 % des cancers du col de l’utérus. Il n’est pas un traitement. Il est un bouclier.

Quand et comment se faire vacciner

La vaccination fonctionne mieux quand elle est donnée avant toute exposition au virus. C’est pourquoi les autorités sanitaires recommandent de vacciner les garçons et les filles entre 11 et 12 ans. À cet âge, le système immunitaire répond mieux, et la majorité n’a pas encore été exposée au HPV.

Le schéma de vaccination est simple :

  • Si la vaccination commence avant 15 ans : deux doses, espacées de 6 à 12 mois.
  • Si elle commence à 15 ans ou plus : trois doses, à 0, 1-2 et 6 mois.

Les doses sont administrées par injection dans le bras. Plus de 98 % des personnes vaccinées développent une réponse immunitaire suffisante après le schéma complet. Même si vous avez déjà eu un rapport sexuel, la vaccination peut encore vous protéger contre les souches de HPV que vous n’avez pas encore contractées.

Les adultes jusqu’à 26 ans peuvent encore se faire vacciner. Au-delà de 26 ans, la décision se prend en consultation avec un professionnel de santé. Pour les personnes immunocompétentes entre 27 et 45 ans, la vaccination peut être bénéfique si le risque d’exposition est élevé et si le vaccin n’a pas été pris auparavant.

Une femme effectue un auto-prélèvement HPV à la maison, des résultats positifs flottent comme des étoiles.

Un seul vaccin, suffisant ?

Une révolution silencieuse est en cours. Des études récentes, comme celle menée au Kenya (KEN SHE) en 2022, montrent qu’une seule dose de vaccin peut offrir jusqu’à 98 % de protection contre les souches à haut risque pendant au moins trois ans. Les résultats du Costa Rica, sur une période de 11 ans, confirment cette efficacité.

En 2023, l’OMS a officiellement validé la vaccination en une seule dose pour les pays à ressources limitées. Ce changement pourrait transformer la prévention dans les régions où les systèmes de santé manquent de personnel, de froid ou d’infrastructures. Une seule piqûre, c’est moins de coûts, moins de visites, plus de couverture.

Les vaccins Cervarix et Gardasil-9 sont désormais préqualifiés pour une utilisation en une seule dose. Ce n’est pas une version « légère » du vaccin. C’est la même protection, simplifiée pour atteindre les populations les plus éloignées.

Le frottis, toujours nécessaire, même après le vaccin

Beaucoup pensent que si on est vacciné, on n’a plus besoin de frottis. C’est une erreur. Le vaccin ne protège pas contre toutes les souches de HPV, et il ne guérit pas une infection déjà présente. C’est pourquoi le dépistage reste indispensable.

Depuis 2023, les recommandations ont changé. Aux États-Unis, en Europe et dans de nombreux pays, le dépistage de routine commence à 25 ans - et non plus à 21 ans. Avant cet âge, les lésions sont fréquentes mais disparaissent souvent d’elles-mêmes. Les tests trop précoces entraînent des traitements inutiles.

À partir de 25 ans, le test HPV seul, fait tous les cinq ans, est désormais la méthode de référence. Il est plus précis que le frottis traditionnel. Si le test HPV est négatif, le risque de développer un cancer dans les cinq ans suivants est extrêmement faible. Si le test est positif, un frottis ou une colposcopie peut être ajouté pour vérifier la présence de lésions.

Les femmes vaccinées peuvent même espacer davantage leurs contrôles : tous les cinq ans avec un test HPV, ou tous les trois ans avec un frottis seul. Le vaccin réduit la fréquence des anomalies, donc la nécessité de répétitions fréquentes.

Une carte mondiale montre des vaccins et tests qui illuminent les pays pour éliminer le cancer du col de l'utérus.

Des inégalités persistantes

Malgré ces progrès, tout le monde n’a pas accès à la prévention. Dans le monde, seulement 13 % des filles ont reçu les doses complètes du vaccin HPV. En Afrique subsaharienne, en Asie du Sud ou dans les zones rurales des États-Unis, les taux de vaccination sont souvent inférieurs à 30 %. Les décès de femmes âgées de 30 à 50 ans continuent d’augmenter dans ces zones.

Les raisons ? Le manque d’information, la peur, la désinformation sur les vaccins, ou simplement l’absence de cliniques accessibles. Aux États-Unis, les taux de vaccination ont chuté de 17 % pendant la pandémie, et n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant 2020.

La solution ? Des campagnes locales, des vaccins dans les écoles, des tests à domicile. En janvier 2024, la FDA a approuvé le premier test d’auto-prélèvement HPV. Les femmes peuvent maintenant se prélèver elles-mêmes à la maison, envoyer l’échantillon à un laboratoire, et recevoir les résultats en quelques jours. Cela pourrait augmenter la couverture de dépistage de 40 %.

Le futur : une maladie éradiquée

L’OMS a fixé un objectif : éliminer le cancer du col de l’utérus comme problème de santé publique d’ici 2030. Pour y arriver, trois cibles sont nécessaires :

  1. 90 % des filles vaccinées avant 15 ans.
  2. 70 % des femmes dépistées avec un bon test à 35 et 45 ans.
  3. 90 % des lésions détectées traitées.

Des pays comme l’Australie, la Suède et l’Écosse sont sur la bonne voie. L’Australie prévoit d’éliminer ce cancer d’ici 2028. En Écosse, les données montrent que les femmes vaccinées à 12-13 ans n’ont pas eu un seul cas de cancer invasif.

Si cette stratégie est appliquée à l’échelle mondiale, les chercheurs estiment que 50 millions de cas de cancer du col de l’utérus pourraient être évités d’ici 2100. Ce cancer pourrait devenir le premier à être complètement éradiqué - grâce à deux outils simples, peu coûteux, et efficaces : un vaccin et un test.

Que faire maintenant ?

Si vous êtes une jeune fille ou une jeune femme entre 9 et 26 ans : parlez à votre médecin de la vaccination. Ce n’est pas une décision à repousser. Plus tôt vous êtes vaccinée, plus la protection est durable.

Si vous avez plus de 25 ans : demandez votre test HPV tous les cinq ans. Ne laissez pas le temps ou la peur vous empêcher de vous faire dépister. Un test simple peut vous sauver la vie.

Si vous êtes parent : assurez-vous que votre enfant est vacciné à l’âge recommandé. Ce n’est pas une question de sexualité. C’est une question de santé publique. Comme le vaccin contre la polio, il protège la génération entière.

La prévention du cancer du col de l’utérus n’est plus une question de chance. C’est une question de choix. Et les choix sont clairs : vacciner tôt. Dépister régulièrement. Ne rien laisser au hasard.

La vaccination contre le HPV protège-t-elle contre tous les cancers du col de l’utérus ?

Non, mais presque. Les vaccins actuels protègent contre les neuf souches de HPV responsables de 90 % des cancers du col de l’utérus. Les deux souches les plus dangereuses - 16 et 18 - sont couvertes par tous les vaccins. Il reste donc un petit risque, d’où la nécessité de continuer le dépistage.

Je suis vaccinée, dois-je encore faire un frottis ?

Oui. Le vaccin ne traite pas une infection déjà présente, et ne protège pas contre toutes les souches de HPV. Le dépistage reste essentiel pour détecter les lésions précoces. À partir de 25 ans, un test HPV tous les cinq ans est suffisant, même si vous êtes vaccinée.

Le vaccin HPV est-il dangereux ?

Non. Des centaines de millions de doses ont été administrées dans le monde. Les effets secondaires les plus fréquents sont une douleur au bras, un léger mal de tête ou une légère fièvre - comme avec n’importe quel vaccin. Les études n’ont trouvé aucun lien avec des effets graves à long terme. Les bénéfices dépassent de loin les risques.

Pourquoi la vaccination commence-t-elle à 11-12 ans ?

Parce que c’est l’âge où le système immunitaire répond le mieux au vaccin. C’est aussi avant toute exposition possible au virus. Plus tôt on vaccinera, plus la protection sera durable. Cela n’a rien à voir avec la sexualité - c’est une question de biologie et de prévention.

Le test HPV à domicile marche-t-il vraiment ?

Oui. Le test d’auto-prélèvement HPV approuvé en 2024 a été testé sur des milliers de femmes. Il est aussi précis qu’un prélèvement fait par un professionnel. Il augmente considérablement la participation au dépistage, surtout chez les femmes qui évitent les examens gynécologiques. Il est désormais disponible dans certains pays européens et aux États-Unis.

6 Commentaires

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    Monique Ware

    novembre 12, 2025 AT 12:54

    Je suis infirmière en gynécologie depuis 25 ans. J’ai vu des femmes perdre leur utérus, leur fertilité, parfois leur vie. Aujourd’hui, je recommande le vaccin à toutes les adolescentes, sans exception. C’est la seule maladie où on peut arrêter le cancer avant qu’il ne commence. C’est pas magique, c’est scientifique.

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    marcel d

    novembre 12, 2025 AT 16:08

    Le HPV, c’est comme l’amour : personne n’y échappe. Mais contrairement à l’amour, on peut le maîtriser. Ce n’est pas une question de moralité, c’est une question de biologie. On vaccinerait les enfants contre la polio sans hésiter - alors pourquoi hésiter avec le HPV ? C’est la même logique, juste un virus différent. La vie n’est pas un choix moral, c’est un choix de prévention.

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    Dany Eufrásio

    novembre 14, 2025 AT 01:01

    Ma sœur a eu un frottis positif à 28 ans. Une lésion. Traitée en 10 minutes. Rien de dramatique. Mais si elle n’avait pas fait le test, ça aurait pu être autre chose. Le dépistage, c’est pas un examen, c’est un cadeau à soi-même.

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    Nora van der Linden

    novembre 15, 2025 AT 03:37

    Je suis allée me faire vacciner à 24 ans et j’ai eu une réaction allergique. Une éruption. J’ai cru que j’allais mourir. Maintenant, je dis à tout le monde : NE FAITES PAS CE VACCIN. C’est un complot des labos. Et les frottis ? Ça fait mal. Pourquoi on nous force à subir ça ?

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    Alexis Bongo

    novembre 15, 2025 AT 16:43

    Il est impératif de souligner que la vaccination HPV est non seulement sécuritaire, mais également hautement efficace, avec une couverture vaccinale optimale à l’âge de 11-12 ans. Les données de l’OMS sont claires : une seule dose suffit dans les contextes à ressources limitées. Il est donc urgent de rationaliser les protocoles nationaux pour maximiser la portée de cette intervention de santé publique.

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    Antoine Ramon

    novembre 16, 2025 AT 19:55

    Je me suis fait vacciner à 19 ans après avoir lu un article comme celui-ci. Je pensais que c’était inutile parce que j’étais déjà active. Mais j’ai appris que le vaccin protège contre les souches que tu n’as pas encore eues. J’ai eu la chance de ne jamais avoir eu de lésion. Mais je sais que c’est grâce au vaccin. Pas à la chance. À la science.

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